Dr Jean-Pierre Willem

L’épigénétique, facteur d’adaptation environnementale ou outil de modification génétique ?

Quand on compare l'extraordinaire lenteur de l'évolution génétique et l'extraordinaire rapidité de l'évolution culturelle et technique des sociétés humaines et, l'extraordinaire rapidité des changements dans le domaine agro-alimentaire, on comprend tout de suite que l'on ne peut pas compter uniquement sur les phénomènes d'adaptation génétique pour assurer une relation harmonieuse entre l'homme et son alimentation.


L'adaptation atteint peu à peu ses limites du fait de l'intrusion massive dans l'organisme de substances reconnues par nos cellules comme étant étrangères, les antigènes. Ce processus naturel a pris de l'ampleur avec l'avènement de la cuisson.

En particulier, au fil des millénaires et probablement sous l'assaut répété des molécules étrangères (apportées notamment par la cuisson à haute température, les céréales, les légumineuses, les laits animaux), le système olfactif (l'odorat) qui a été notre tout premier sens d'alerte en présence du danger, a subi d'importa ntes mutations génétiques jusqu'à dénaturer lentement mais sûrement notre instinct primitif de survie,de reproduction et d'adaptation.

Hélas pour l'homme, la cuisson qui a permis la modification du goût et l'apparition de nouvelles saveurs en court-circuitant l'odorat n'a pas forcément neutralisé toutes les composantes délétères de l'aliment. Bien au contraire, une fois passée « clandestinement » la frontière de l'odorat parce qu'ils ont été cuits, les aliments (et a fortiori les médicaments ou autres xénobiotiques) se trouvent confrontés à une deuxième frontière, celle-là normalement impossible à déjouer à moins d'en payer le prix: c'est la barrière immunitaire intestinale où veillent les cellules présentatrices d'antigènes à l'affût de la moindre molécule étrangère comme pa r exempl e les toxines ayant résisté à la cuisson elle-même où les nouvelles molécules toxiques issus de transformations par la cuisson ,..-, _ _J•' (molécules de Maillard, acides aminés oxydés ...}. Par ailleurs, des études épidémiologiques montrent que l'usage excessif de certains produits chimiques de la pharmacopée allopathique (benzodiazépines} force la protection naturelle de notre physiologie et pourrait être à l'origine de pathologies neuro-dégénératives.

Aujourd'hui on assiste à une mondialisation du mode nutritionnel associé à des approches thérapeutiques délétères, ce qui appauvrit encore la capacité d'adaptation du génome humain. Ceci explique peut-être que certaines maladies exceptionnelles au 20e siècle soient devenues fréquentes au 21e siècle, par exemple les allergies, les maladies auto-immunes ou neuro-dégénératives.

Les biotechnologies s'installant dans l'élaboration de matières premières dédiées à la nutrition (céréales, fruits et légumes...) ont produit des OGM susceptibles d'être des vecteurs de mutations irréversibles des génomes animaux et de dégénérescence physiologique de toutes les espèces vivantes et ce, de manière exponentielle et pérenne puisqu'au même titre que les espèces naturelles, la dissémination de ces OGM ne peut être contenue.

Des stratégies thérapeutiques pour pallier à la difficulté d'adaptation du vivant à de nouveaux antigènes issus de l'alimentation ou de produits thérapeutiques sont disponibles. Outre une alimentation correctement sélectionnée, la gestion du stress, l'activité physique, les médecines naturelles peuvent être des soutiens de notre physiologie. Mais maintenant apparait une volonté d'utiliser l'épigénétique issue des biotechnologies comme outil thérapeutique.

Si l'épigénétique permet à un génome simple de s'adapter à l'environnement, son impact sur le génome de l'homme est néanmoins lent et complexe. Les épimédicaments que les laboratoires pharmaceutiques essayent de développer ne peuvent que manquer de spécificité d'action sur le génome complexe de l'homme et le risque est grand de faire de l'homme lui-même un OGM.

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