De la musique à la peinture, le cerveau interroge

La musique adoucit les moeurs mais pourrait bien bouleverser l’activité crânienne. La guérison, le bonheur, le plaisir sont des notions que le cerveau puiserait allègrement dans toutes les formes d’arts qui lui sont soumises. Pour survivre, faudrait-il vibrer ? Le neurologue et neurophysiologiste Pierre Lemarquis consacre une partie de sa carrière à ce lien étroit entre la création artistique et nos méninges. Auteur de trois essais, il vient de signer « L’Empathie Esthétique » aux Editions Odile Jacob, de quoi nous faire réfléchir sur un mécanisme des plus instinctifs.

Vous vous intéressez à l’activité du cerveau en rapport avec l’art et la musique. Comment ce travail a débuté ?

Pierre Lemarquis : Je suis aussi organiste. Ma fonction de neurologue et ma passion pour la musique ne pouvaient qu’attiser ma curiosité. Tout est parti, en 2006, de la célébration des 250 ans de la naissance de Mozart. J’avais organisé une réception avec des amis neurologues à l’abbaye de la Celle (Var). A la suite de ça un journaliste, qui organisait des manifestations autour de la musique, m’a demandé de faire un travail autour de Mozart. Le psychiatre et psychanalyste Boris Cyrulnik m’a ensuite proposé d’entrer dans son groupe de recherche autour du thème « résilience et vieillissement ». Il avait organisé un congrès puis la conception d’un ouvrage. Chacun des intervenants devaient écrire un chapitre. Je l’ai écrit et j’ai enchaîné sur « Sérénade pour un cerveau musicien » mon premier essais. Ensuite l’idée d’ouvrir ce travail à l’art en général était une évidence. Mais c’était aussi intéressant de considérer l’interaction entre l’activité du cerveau et l’art. L’art nous modifie et modifie le regard que l’on a sur l’œuvre. Il y a un va et vient permanent qui nous amène à modifier notre vision du monde. L’œuvre d’art peut nous faire regarder différemment et amorcer une guérison.

Existe-t-il une différence d’interaction avec le cerveau entre la musique et l’art ?

L’étude sur les arts visuels est beaucoup plus récente que la musique. Dans les deux cas notre cerveau va activer les sites correspondants. Pour la musique, il s’agit du lobe temporal qui décrypte les sons et du lobe occipital pour les arts visuels. Dans les deux cas, le cerveau va s’adresser à des structures extraordinaires que l’on appelle les neurones miroirs. C’est la plus grande découverte scientifique de la fin du siècle dernier qui nous démontre que nous avons tendance à imiter ce que l’on voit. C’est ainsi qu’un enfant apprend à parler ou que nous assimilons tous les gestes de notre quotidien. Ces neurones miroirs sont couplés à des structures beaucoup plus complètes et plus anciennes de notre cerveau, le circuit du plaisir et de la récompense. La partie évoluée du cerveau est conçue pour nous faire prendre la meilleure manière d’assurer notre survie. Et le cerveau des émotions et des récompenses nous donnent envie de survivre. Il nous faut la possibilité et l’envie de vivre pour que tout fonctionne normalement. Evidemment le cerveau des récompenses est aussi celui des addictions. Lorsque tout cela se met en route, nous sommes vraiment en connexion avec l’œuvre. Il y a une impression de ressenti de l’intérieur.



Comment ça marche ?

Face à l’œuvre, notre cerveau réagit exactement comme s’il était face à quelqu’un. Lorsque nous regardons la Joconde, c’est comme si nous étions réellement face à elle. Le cerveau interprète, inconsciemment, les gestes qu’il voit. Dans le cas de l’art abstrait, par exemple pour les œuvres au cutter de Lucio Fontana, le cerveau se comporte comme si c’était lui qui donnait les coups de cutter. Nous nous retrouvons dans le tableau et le tableau se retrouve en nous. En neuroscience nous avons tendance à dire que c’est la matière qui fait l’esprit. Le neurophysiologiste, Roger Sperry étudiait le cerveau coupé en deux et affirmait qu’une pensée pouvait sculpter un esprit. Le cerveau est le seul organe qui peut produire quelque chose qui le modifie. Un champion skieur imagine son trajet. C’est le succès de sa réussite car lorsqu’il descend la piste, il connaît déjà son parcours et gagne donc en rapidité. En musique, le meilleur exemple, c’est Glenn Gould. Il avait acquis une bonne technique durant son enfance. C’était un pianiste virtuose. Il a subi ensuite des troubles obsessionnels qui empêchaient le contact avec les touches du piano sans avoir préalablement enfilé des mitaines. Il passait son temps à lire des partitions. Il ne se contentait pas de les apprendre par cœur, il les jouait dans sa tête. Ainsi, lorsqu’il arrivait au piano, le programme était prêt. Lorsque nous nous imaginons en train de faire une action, notre cerveau fonctionne à 40% comme si il était en train de faire cette action. Mais des cerveaux qui s’entrainent comme le faisait Glenn Gould fonctionnent à 80% comme s’il jouait réellement sur son instrument.

Que se passe-t-il ?

C’est une technique très simple que tout le monde peut mettre en œuvre. Cela peut être utile dans la vie de tous les jours. Si un jour nous nous cassons la jambe, nous avons intérêt à imaginer que l’on bouge cette jambe pour récupérer très vite.

La pensée créatrice permettrait donc au cerveau de programmer une réussite ?

Notre cerveau n’est jamais totalement au repos. Les deux parties, interne (plaisir et récompense) et externe (action sur le monde) passent de l’une à l’autre toutes les 20 secondes. Lorsque nous nous isolons, comme en méditation, c’est justement cette partie profonde qui va continuer à fonctionner, ce que l’on appelle le réseau par défaut. Il y a ainsi toujours une partie qui fonctionne. Une personne dans le coma bénéficiera toujours de l’action de ce réseau profond.

Que se passerait-il si nous n’avions pas accès à la musique ou aux œuvres d’art ?

Nietzsche disait : « sans la musique la vie serait une erreur ». Nous pouvons l’élargir à l’art et à la beauté. Cela fait partie du cerveau qui nous donne le plaisir et la récompense, sinon, nous serions des robots et la vie ne serait pas très intéressante.

Certains endoctrinements jouent pourtant beaucoup sur cette interdiction ?

Bien sûr et cela signifie qu’ils savent la puissance de la musique ou de l’art. Il est parfois même interdit d’avoir des oiseaux. Lorsque François 1er s’est associé aux turcs pour lutter contre Charlequin, il avait envoyé une fanfare à Soliman le magnifique en guise de bienvenue. Pensant à une ruse, Soliman l’a refusé. Il avait peur de se faire amadouer avec la musique. Les gens qui ne veulent pas de musique en connaissent ses immenses pouvoirs. L’art ouvre sur tant d’horizons qu’il est difficilement possible de se retrouver naturellement en position de soumission par la suite. Un cerveau qui n’a pas cette ouverture aura des œillères et sera plus facilement manipulable.

L’art peut soigner ?

Il y a des personnes qui n’aiment pas le terme d’art thérapie et qui le trouve prétentieux. Pourtant cela soigne comme un médicament, puisque l’art a des effets chimiques sur notre cerveau. A partir de l’instant où le système du plaisir et de la récompense sont stimulés, il y a une sécrétion de dopamine impliquée dans le mouvement et dans le désir. Il y a aussi une sécrétion de la sérotonine que l’on trouve dans tous les antidépresseurs et d’endorphines qui peuvent provoquer la chaire de poule. Cette dernière joue aussi un rôle d’antalgique qui fait que suivant votre pathologie, vous aurez moins mal durant quelques temps.

Qu’est ce que la médecine a compris de cette relation à l’art ?

A l’origine la médecine a toujours été très ouverte à l’art. Dans toutes les cultures avant ces derniers siècles, les médecins ont toujours été des musiciens. L’art et la beauté ont toujours eu une grande importance dans le soin. Elle s’est fermée depuis la fin du XVIIIème siècle. Le médecin Claude Bernard, qui était complètement athée, lorsqu’il écrit l’introduction à la médecine expérimentale, parle de l’harmonie du milieu intérieur et de l’importance que tout soit équilibré. C’est ainsi que Knock, dans le film réalisé par Roger Goupillières et Louis Jouvet, s’en empare et disait « Tout bien portant est un malade qui s’ignore ».

Où en est actuellement la médecine dans cette relation avec l’art ?

Pour que ça rentre en pratique, il faut que ce soit prouvé. Il faut que tout le monde ait ressenti des bienfaits en lisant un livre, écouté une musique et vu une pièce de théâtre ou une œuvre d’art. Il faut avoir constaté qu’on s’est senti mieux après. Pour avoir le droit de l’utiliser en thérapie, il faut que ce soit attesté. Les arts visuels prennent leur place tout doucement. La bibliothérapie, par exemple, consiste à donner à une personne un livre dans lequel il peut se retrouver. Il a été démontré que si nous lisons quelques pages de roman avant un rendez-vous, nous allons mieux nous exprimer et comprendre notre interlocuteur.

La musique pourrait devenir une solution thérapeutique essentielle dans l’avenir ?

En tout cas c’est un adjuvant important et un outil personnalisé. La médecine occidentale n’est pas personnalisée. Nous considérons la maladie et pas le malade. La maladie de Parkinson, si elle présente les mêmes signes chez tous les malades est pourtant différente en fonction de chacun. Une maladie résonne avec un vécu et vient percuter une existence. C’est une donnée dont on ne se rend pas souvent compte. De même, il n’y a pas de recette avec les œuvres d’art. Vous ne pouvez pas savoir à l’avance quelle musique va rendre joyeux ou mélancolique. On peut juste imaginer un style de musique apprécié en fonction de l’âge d’une personne.

Alzheimer et Parkinson sont deux pathologies que la musique apaise ?

Nous n’en parlions quasiment pas il y a dix ans, mais nous savons aujourd’hui que la musique fait du bien aux personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Elle dédramatise une maladie que nous avons toujours tendance à considérer comme un naufrage et quelque chose de négatif. Nous parlons de dégénérescence. Chanter une musique qu’elle a aimé dans sa jeunesse, à une personne Alzheimer, va la réveiller, la faire sourire, provoque quelque chose de magique qui la fait revivre quelques instants. C’est formidable. La musique va aussi aider le parkinsoniens car elle lui fait secréter de la dopamine. C’est le neuromédiateur qui manque dans le cerveau des personnes atteintes de cette maladie. Lorsqu’un parkinsonien n’avance plus, le simple fait d’imaginer une musique ou de chanter, s’il accepte, lui permet de remarcher beaucoup plus vite. Il y a là encore quelque chose de magique qui se met en place. Parmi les danses, le tango a bénéficié d’une étude qui a montré qu’un parkinsonien va être capable de danser le tango alors qu’il marche difficilement. Même s’il imagine la musique, sans pour autant la chanter, cela va l’aider à avancer. La parkinsonien perd un peu la vision des couleurs car il y a un lien entre la dopamine et la vision des couleurs. On le voit, par exemple, grâce aux dernières toiles de Bernard Buffet qui souffrait de cette maladie. Les couleurs sont beaucoup plus sombres et agrémentées de têtes de mort. Dali, quant à lui, utilisait sa maladie de Parkinson. Le parkinsonien va plus aisément réussir une activité plus compliquée que simple.

Un artiste sur scène perd son accent, ses tics ou n’éternue jamais. Est-ce que tout cela procède du même schéma ?

Les circuits de la musique dans le cerveau épousent ceux du langage et sont bien plus complets. Si une voie du langage est un peu perturbée la musique peut passer sur d’autres circuits qui permettent d’éviter les défauts que le langage impose. Le bègue qui se met à chanter ne bégaye plus.

Les artistes sont donc des thérapeutes ?

L’artiste nous propose ce qu’il a à l’intérieur. Au même titre qu’il n’y a pas de génération spontanée, il n’y a pas de création spontanée. Son œuvre va modifier la vision du monde de celui qui va regarder. L’artiste sculpte le cerveau du spectateur. Il y a des malades d’Alzheimer qui peignent et on peut reconnaître l’auteur juste en regardant ses productions. Ca signifie que leur personnalité reste même s’ils sont sur un stade avancé de la maladie.

L’action de la voix est similaire à l’instrument ?

Elle est même supérieure. La voix est un organe très personnel aussi unique que les empruntes digitale ou la couleur des yeux. Une voix qui parle fort va écarter des ennemis, une voix séduisante va rapprocher. Dans la médecine chamanique la voix jouait un rôle très important. C’est un organe qui se travaille. On le voit en politique, les intonations graves vont être rassurantes. Montesquieu disait que le discours n’a aucune importance, c’est l’intonation, mais aussi l’expression du visage qui font tout. Nous avons inventé la voix pour en faire une arme redoutable. Des mauvaises langues disent que nous nous sommes mis à parler que pour dire du mal des autres (rire)

La petite musique qui nous trotte dans la tête et dont on ne peut se défaire vient nous dire des choses quant à l’activité du cerveau ?

Lorsque vous écoutez une musique, votre lobe frontal, qui permet d’agir sur le monde et la mémoire de travail, se met en marche et on ne peut apprécier une musique que si l’on se souvient des quelques notes que nous venons d’entendre. Nous anticipons sur ce que nous allons entendre. Celle que l’on se répète en boucle active le système du plaisir et de la récompense et secrète les bons neuromédiateurs. Une fois qu’elle plait à notre cerveau, elle va continuer à tourner en boucle. Notre cerveau évolué peut en avoir marre, mais le cerveau du plaisir et de la récompense a besoin de l’écouter sans cesse. C’est aussi la partie des addictions. Une musique peut être assimilée à une drogue.

A quoi l’art va nous servir ?

Sans beauté la vie n’a plus de sens. Tout ce qui peut nous rendre lumineux ou nous donne envie de vivre protège des maladies. Pour les indiens navajos le mot « santé » et le mot « beauté », c’est le même mot. Leurs études de médecine couronnent les études de philosophie. Nous savons que la musique fait du bien, du prématuré jusqu’au dernier jour de la vie. La plupart des maisons de retraite, aujourd’hui, engagent les services d’un musicothérapeute.

Y’a-t-il des cerveaux qui ont du mal à accepter la musique ?

Une personne sur 20 ne comprend pas la musique. Nous appelons cette anomalie l’amusie. Ils ne la reconnaîtront pas « La Marseillaise » à son écoute. Par exemple le Che Guevara était un amusique qui ne se levait pas lorsqu’il entendait l’hymne cubain alors que parallèlement il était bon danseur.

Dans ce cas qu’est ce qui dysfonctionne ?

C’est peut-être sur le plan du lobe frontal. Le fait de retenir les notes pour anticiper sur les suivantes doit être déficient, mais ce n’est qu’une supposition. J’ai compris l’amusie à travers mon rejet du sport. Je m’ennuie profondément devant une compétition sportive. La musique n’évoque rien pour l’amusique qui n’y voit aucun attrait.

Y-a-t-il des artistes qui ont fait évoluer la recherche neuroscientifique ?

Malheureusement beaucoup l’ont fait évoluer par leurs maladies. Le peintre marseillais, Pierre Ambrogiani a été victime d’un accident vasculaire et a perdu une partie du cerveau droit. Lorsque l’on perd une partie du cerveau droit, nous négligeons ce qui est à gauche. Ambrogiani avait trouvé un palliatif à sa pathologie, lorsqu’il avait terminé sa toile, il la retournait et peignait la partie gauche qui avait été oubliée. Le cinéaste Federico Fellini a lui aussi eu un accident vasculaire cérébral. Il dessinait un trait au milieu de sa vision et commençait à dessiner des caricatures sur le trois quart droit. Avec la moitié de son cerveau en moins, Felinin restait Félini.

Les Beatles sont aussi un cas intéressant ?

On dit que pour faire un cerveau expert il faut dix ans de travail et un coach. Mozart a eu un coach coriace en la personne de son père qui était un professeur de musique exceptionnel. Chez les Beatles, ce qui est étonnant, c’est la relation entre John Lennon et Paul McCartney. Chacun était le coach de l’autre. Entre leur rencontre et leur célébrité, il s’est bien écoulé les dix années nécessaires. On dit que Mozart et Michel Ange ont porté leur art sans le révolutionner alors que les Beatles ont bouleversé la musique. On peut mettre ça sur cette interaction qui a suscité une émulation créative.

A quoi reconnaît-on le cerveau d’un grand créateur ?

Ce que l’on peut percevoir dans les cerveaux des grands artistes, c’est cette mémoire formidable et la manière dont ils recyclent tout. Parfois nous pouvons retrouver les sources. Mozart entend un pianiste jouer une sonate et cela devient, 10 ans plus tard, l’ouverture de « La flûte enchantée », transformée par son talent. Michel Ange n’a pas une forme qui passe devant ses yeux sans qu’il ne l’enregistre. Il a inventé l’expression « Avoir le compas dans l’œil ». Il savait réutiliser sans jamais faire de copie. Il détruisait les brouillons donc il brouillait les pistes. On voit le résultat mais très rarement les pièces intermédiaires.

Que savons nous des capacités de notre cerveau aujourd’hui ?

Nous essayons d’utiliser des ordinateurs pour mieux comprendre le cerveau, mais c’est comme si nous nous installions sur un balcon pour nous regarder passer en bas. J’espère que nous n’arriverons jamais à maîtriser les capacités de notre cerveau.

Faire écouter de la musique au bébé durant sa gestation, c’est important ?

Au départ ce sont les gitans qui faisaient ça. Françoise Dolto rappelait qu’ils faisaient venir un guitariste ou un violoniste six semaines avant l’accouchement et les six semaines après la naissance. L’enfant naît avec l’empreinte de l’instrument dans le cerveau et aura des chances, plus tard d’être un meilleur guitariste ou un meilleur violoniste. Dans le ventre de sa mère, l’enfant perçoit surtout les notes graves. Il se peut que certaines musiques que sa mère a écoutées durant la grossesse pourront avoir des effets calmant sur lui. Le problème ce sont les proportions que prennent ces découvertes. Aujourd’hui on vient de créer un émetteur intra-vaginal. Je ne suis pas certain qu’il faille aller jusque là. Il faut continuer à laisser la nature faire.

Avons-nous de tout temps toujours connu cette relation à l’art ?

L’homme de Néandertal faisait déjà de la musique. Un fémur d’ourson mordu par un carnassier a été le premier instrument de musique retrouvé. Il datait de cette époque. Dans les grottes ornées, celles qui ont les plus belles peintures sont celles qui possèdent la meilleure acoustique, donc les deux étaient très liés. Pour certains scientifiques, la musique est apparue avant le langage.

Interview réalisée par Florent Lamiaux 

Média + : "L'Empathie esthétique"  de Pierre Lemarquis (Editions Odile Jacob)